En
Mai 2005 j'ai eu la chance d'
assister à la cérémonie inaugurale de l'
Akademia Sztuck Innych
à
Piotrkow Trybunalski (Pologne).
En
français, Académie des
Arts Autres .
Ce
qui m'a d'emblée paru merveilleux dans cette initiative est que
probablement personne ne sait exactement, académiciens compris, ce
qu'est au juste un "art autre". Il y
avait
bien eu je me souviens des discours, mais je n'y avais absolument
rien compris car ils étaient en polonais. Et sans doute en était-il
mieux ainsi. Une seule phrase traduite en français avait cependant
retenu mon attention. Celle-ci disait : "Tu ne produiras pas
plus d' œuvres que tu n'en pourras porter". Cette devise de
grande sagesse, en ces temps de sur-production/sur-consommation,
m'avait alors immédiatement décidé à faire quelque chose (c'est à
dire presque rien) pour cette académie des arts autres. J'ai alors
demandé à Richard Piegza -correspondant en France - l'autorisation
d'ouvrir une annexe à Sète (port sur la méditerranée) dont
l'objectif serait outre d'y inviter les académiciens fondateurs et
de composer un collège français des « Arts Autres »,
surtout de ne rien faire, ne rien produire, sinon lancer des
bouteilles vides à la mer et diffuser ainsi un non-message sur
d'autres rives. "Pour une mondialisation du rien faire" .
La devise radicale choisie pour l' antenne Sztuk Innych sétoise
étant :"Tu ne produiras point".
Sur
la photo. De gauche
à
droite
. Dziekan Gordian
Piec,
Dziekan Zygmunt
Piotrowski,
Jego Excelencja Rektor
Jan
Swidzinski,
Prorektor Stanislaw
Piotr Gajda,
Dziekan Przemyslaw
Kwiek
Jan
Swidzinski, prédident de l'Académie Sztuck Innych est aussi
l'auteur d' un essai sur l' art contextuel (1970).
L'action
se passe en avril 2006 un jour de vernissage au 51 rue Pierre Sémard
à Sète au lieu dit : «MARCHAND DU SEL » .
Peut-on
faire de l'art (dit plastique) sans fabriquer d'objet ? Telle est la
question que je posais à cet instant. J' avais le sentiment que oui
mais je ne savais pas encore comment répondre à ce questionnement.
L'
idée me vint alors de tracer une ligne, avec le doigt et de
constater que les gens qui m'entouraient suivaient des yeux le trajet
de cette ligne. On pouvait donc voir l' invisible.
Depuis
ce jour , je poursuis une série d'expériences qui renforceront
l'idée que l'objet matériel n'est pas une obligation pour faire
œuvre.
Dès
lors ma tâche de chaque jour sera de le prouver davantage.
La
première ligne invisible a été tracée le 21 avril 2006 en
public dans mon atelier-laboratoire.
Des
photos, un article de presse, un échange de lettres avec
les
instances culturelles de la ville en témoignent ainsi
qu’un
film qui a été réalisé par Renate Liebel et Eva
Bredow
(deux jeunes vidéastes allemandes) qui retrace,
vu
par l'œil de la caméra, le trajet de cette ligne et son
prolongement
jusqu’à la mer.
Cinq
autres ont été dessinées lors de la manifestation
«
LE TAS D’ESPRITS »
organisée par Ben Vautier à
Paris
le 22 Septembre 2006. Une à la galerie
«
Rive Gauche », la deuxième de cette
série à la galerie«
Christine Phal » rue Mazarine, la
troisième à la galerie «
Seine 51 » qui a hérité d’une «
ligne » encore plus invisible que les autres puisque je ne l’ai
même pas dessinée, je me suis seulement contenté de déclarer
qu’elle était bien là et pas ailleurs.
La
quatrième, tracée à l’entrée du concert Fluxus donné par Ben
et les artistes fluxus à l’école des Beaux-Arts
, a été traversée par tous les spectateurs auxquels
était donné un ticket les avertissant qu’ils venaient de franchir
une ligne invisible.
La
dernière ligne a été évoquée par geste, sur scène, à
la
suite des pièces Fluxus (performance de une minute
trente
trois).
Depuis
d'autres lignes ont été tracées à
Barcelone,
Nîmes, la Grand Combe, Varsovie, Nice, Cologne ...
Il
existe un JOURNAL DE L' INVISIBLE
ainsi
que des photos , vidéos, articles de presse et cinq ouvrages.
NOUS
NE DOUTONS DE RIEN
SCULPTURE
INVISIBLE
0.01
LE
LABORATOIRE SZTUCK INNYCH DE SETE
a
le plaisir de vous présenter la première
sculpture
invisible au monde
Présentation
de la sculpture invisible à
l'espace
à débattre à Nice (ben Vautier)
EN
QUOI L'INVISIBLE DEPASSE-T-IL
LES
LIMITES ?
L'
invisible ne dépasse pas seulement les limites du visuel, du
palpable, du beau (l’œuvre invisible étant de fait la plus belle
œuvre qu'il nous soit donné de réaliser) mais aussi d' autres
limites comme celle du marché par exemple. En effet, dans ce cas
précis, ce n'est plus la monnaie qui est virtuelle, mais le produit.
Ce qui déstabilise complètement tout le fonctionnement du négoce.
On peut acheter un produit avec de la monnaie virtuelle, d'ailleurs
on le fait régulièrement, mais on ne sait pas donner de l'argent
contre rien.
Ainsi,
l' invisible n' explore pas seulement les limites de l'art, mais
toutes les limites, comme celles de l'économie par exemple. (à
suivre)
maxhorde@wanadoo.f
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